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La difficulté du Chinois ou savez-vous prononcer les "chou" ?

Le chinois est bien difficile. Je puis vous assurer qu'il ne ressemble en rien à aucune langue connue. Le même mot n'a jamais qu'une terminaison; on n'y trouve point ce qui dans nos déclinaisons distingue le verbe et le nombre des choses dont on parle. Dans les verbes, rien ne nous aide à faire entendre quelle est la personne qui agit, comment et en quel temps elle agit, si elle agit seule ou avec d'autres. En un mot, chez les Chinois le même mot est substantif, adjectif, verbe, adverbe, singulier, pluriel, masculin, féminin, etc... C'est à vous qui écoutez, à épier les circonstances et à deviner. Ajoutez à cela, que tous les mots de la langue se réduisent à trois cents et quelques; qu'ils se prononcent de tant de façons qu'ils signifient quatre-vingt mille choses différentes qu'on exprime par autant de caractères.

Ce n'est pas tout. L'arrangement de tous ces monosyllabes paraît n'être soumis à aucune règle générale; en sorte que pour savoir la langue, après avoir appris tous les mots, il faut apprendre chaque phrase en particulier; la moindre inversion ferait que vous ne seriez pas entendu des trois quarts des Chinois.
Je reviens aux mots. On m'avait dit : "chou" signifie livre. Je comptais que toutes les fois que reviendrait le mot "chou", je pourrais conclure qu'il s'agissait d'un livre. Point du tout; "chou" revient, il signifie un arbre. Me voilà partagé entre "chou" livre, et "chou" arbre. Ce n'est rien que cela; il y a "chou" grandes chaleurs, "chou" raconter, "chou" aurore, "chou" pluie, "chou" charité, "chou" accoutumés, "chou" perdre une gageure, etc... Je ne finirais pas, si je voulais rapporter toutes les significations du même mot.

Encore si on pouvait s'aider par la lecture des livres; mais non, leur langage est tout différent de celui d'une simple conversation.

Ce qui sera surtout et éternellement un écueil pour tout Européen, c'est la prononciation. Elle est d'une difficulté insurmontable. D'abord, chaque mot peut se prononcer sur cinq tons différents, et il ne faut pas croire que chaque ton soit si marqué, que l'oreille le distingue aisément. Ces monosyllabes passent d'une vitesse étonnante, et de peur qu'il ne soit trop aisé de les saisir à la volée, les Chinois font encore je ne sais combien d'élisions qui ne laissent presque rien de deux monosyllabes. D'un ton aspiré, il faut passer de suite à un ton uni; d'un sifflement, à un ton rentrant; tantôt il faut parler du gosier, tantôt du palais, presque toujours du nez. J'ai récité au moins cinquante fois mon sermon devant mon domestique, avant que de le dire en public. Je lui donnais plein pouvoir de me reprendre, et je ne me lassais pas de répéter. Il est tels de mes auditeurs chinois qui, de dix parties, comme ils disent, n'en ont entendu que trois. Heureusement que les Chinois sont patients, et qu'ils sont toujours étonnés qu'un pauvre étranger puissent apprendre deux mots de leur langue.

Lettre de François Bourgeois à Madame de ***, 15 octobre 1769, extrait de l'ouvrage "Lettres édifiantes et curieuses de Chine par des missionnaires jésuites 1702-1776", Garnier-Flammarion, 1979, pp. 468-470.
Réédition du 26 février 2002 aux éditions Desjonquères, Collection Dix-huitième siècle, sous la direction de Isabelle Vissière et de Jean-Louis Vissière, 253 pages.

Quatrième de couverture :

La première Mission jésuite française s'établit en Chine au tout début du XVIIIe siècle. Introduits à la cour de Pékin et dans tout l'Empire du Milieu, les pères entreprirent de révéler à l'Europe un univers à la déconcertante et fascinante étrangeté.
Sorte de reportage sur la Chine, leurs lettres, officielles ou privées, captivèrent pendant tout un siècle le public cultivé, auquel elles prodiguaient une profusion d'aventures exotiques, d'images nouvelles et d'idées originales. Passionnant Montesquieu, Voltaire et tous les Philosophes, elles jouèrent un rôle primordial dans l'évolution des mentalités au siècle des Lumières.

Elles séduisent encore par l'ampleur et la diversité des sujets traités. Rites, modes de gouvernement, mœurs, coutumes, sciences, arts, techniques : il n'est rien que les jésuites ne relatent de cet immense Empire. D'une incontestable valeur littéraire, leurs lettres constituent un document passionnant sur la Chine de jadis, mais aussi sur un Occident avide de s'élargir aux dimensions du monde.